Le 6 août 2018, nous sommes 3 équipes de 4 à prendre le train au départ de Valenciennes, Maubeuge ou Douai dès 7h. Nous nous retrouvons tous à Paris, et là…Oh la la, il faut prendre le métro ! et abasourdis de toute cette cohue « je ne me suis pas rendue compte qu’il fallait monter très vite dans le train ! on m’a tiré dedans et on a bien fait » c’était in extrémis et tant pis si ce n’est pas le bon wagon. Ouf ! Après quelques efforts et bousculade, tout le monde est bien là. Le trajet fut long et fatiguant et c’est donc avec une grande joie et soulagement que nous arrivons à la gare de Lourdes à 14h28.
Mais où est le bus ? Où est l’accueil ? Après plusieurs minutes de patience, nous finissons par appeler notre coordinatrice. Elle se renseigne…Les minutes sont interminables, nous sommes fatigués, stressés, énervés et nous avons très chaud. Nous inventons des chansons et puis après plus d’une heure, nous décidons de prendre une navette nous-même. 16h30 nos chambres à l’hôtel nous sont affectées. Pour certains le repos, la douche, et l’organisation parfois difficile d’être à 2 ou à 3 dans une chambre étroite. Le 1er souper nous permet de nous retrouver tous ensemble et de commencer à rire de nos péripéties de voyage. Après avoir découvert le programme très chargé qui nous attend dès le soir même, nous préférons regagner nos chambres pour nous reposer.
Nous avons la chance d’être 16, issus des groupes de partage Solidarité Quartiers de notre diocèse de Cambrai, a participer à ce pèlerinage. Alors on ne va pas commencer à se plaindre. L’accueil, le lendemain matin, rassemble les 650 pèlerins du Réseau Saint Laurent et donne le ton…Il est question de préparer des noces, de faire la fête tout en nous laissant guider par Marie « Faites tout ce qu’Il vous dira ».
Nous sommes répartis ensuite par petites fraternités de 10 personnes. « Elles permettent de très jolies rencontres fraternelles avec qui je n’aurais peut-être jamais parlé. C’est une grande mixité sociale au sein de laquelle il n’est pas question de race, de couleur de peau. Nous sommes tous pareils ». Dans la journée nous avons aussi le festival des talents. En amont, nous avions choisi chacun ce que nous voudrions découvrir. Parmi nous, certains ont pu aller aux bains avec cette sensation de « plonger le mal dans un bain d’amour » ou découvrir les chemins de croix (celui de la montagne ou celui de la plaine). D’autres sont allés sur les pas de Bernadette ou découvrir les symboles de la grotte ou encore l’histoire de la cité Saint Pierre. Nous assistons à des spectacles. Celui de la troupe de Brest ou encore EnVie de Magdala Lille qui nous font réfléchir sur la différence et l’exclusion. Le soir, c’était veillée à la carte. Mais mercredi fut particulièrement important, car parmi nous, 12 étaient membres de la chorale des p’tits bonheurs. Nous avons mis le feu. Nous avons épaté l’assemblée par la profondeur des textes d’Yves Garbez qui nous a rejoint pour l’occasion. Le public avait un livret pour chanter avec nous et spontanément certains se sont mis à danser. Quel bonheur, quelle joie de sentir ce public rentrer en communion avec nous » !! Le lendemain, beaucoup de monde nous reconnaissait et nous étions fiers ! L’ambiance était au rendez-vous dans les hôtels, les transports et au self. C’est ainsi que nous avons pris notre place dans la procession mariale mais aussi à la messe de clôture et au repas final. Que du bonheur !
Mais vivre ensemble 5 jours, ça n’a pas été simple. Ce n’est pas que de la joie. Partager ensemble dans nos groupes de partage ou au sein de la chorale est bien différent que de vivre au quotidien ! on se découvre autrement. Alors, on ne s’est pas toujours compris. Le déracinement, la fatigue, les douleurs, nous a rendu susceptibles et injustes les uns envers les autres. On s’est blessé mutuellement, brouillé pour un rien. Il était bien plus simple de se tourner vers ces inconnus que l’on avait à cœur de connaitre, plutôt que de prendre le temps de soigner nos propres relations. Le Père Tarbes nous disait qu’« il faut nous regarder dans les yeux de quelqu’un qui nous aime car ça nous embellit et que nous sommes un dans l’amour. Si on est 2 on se regarde l’un l’autre, et qu’il faut une 3 ème personne qui fasse le lien entre nous. C’est l’Esprit Saint. C’est Dieu que nous devons mettre au centre de notre relation ». Et bien, que ce fut pénible d’admettre que nous 16, avions écarté cet essentiel ! comment pouvions-nous, nous sentir mieux avec ces nouvelles rencontres qu’avec nos propres compagnons de route du quotidien ? Alors, chacun a livré son ressenti car « il faut oser dire les choses pour avancer » j’essaye d’être sincère mais je suis une menteuse car je mens de peur de faire mal », « grâce à vous on me ramasse et je repars d’un bon pied » « il faut s’entraider les uns les autres, ce n’est facile ni pour celui qui aide ni pour celui qui reçoit, cela demande des efforts aux deux ». Nous nous sommes alors remis à la vraie écoute. Après tout, que connaissons nous de la vie privée de chacun(e) ? « Dieu est plénitude et il se glisse dans les failles ».
La relecture nous a permis de nous pardonner, de rouvrir notre cœur et d’en sortir encore bien plus unis qu’à l’arrivée. Il ne faut pas se contenter de l’apparence, mais regarder avec les yeux du cœur.
Et après Lourdes ?
Nous sommes serviteurs de Dieu et nous mettons notre tablier car quand on est croyant on se met au service de…Bernadette disait « je ne vous oblige pas à me croire mais je ne peux que répandre en vous ce que j’ai vu et entendu » et comme elle, « il faut gratter, gratter, pour rejeter ce qui est cailloux, pierres, obstacles afin d’atteindre la source pour se tourner vers l’essentiel ». Le mot « veiller » était important pendant cette semaine. Et oui, c’est dur de veiller, d’être attentif. Et pourtant, la transformation a eu lieu, la solidarité et la fraternité l’ont emporté. Nous avons remis Dieu entre nous tous, nous avons retrouvé l’écoute, le respect et l’amour entre nous tous. Bien sur que la rencontre est importante, mais pas besoin d’aller à l’autre bout de la France. A nos côtés, vivent des gens riches de cœur et nous ne les voyons peut-être pas. Nous reconnaissons la chance que nous avons d’appartenir à nos groupes de partage et à la chorale et nous saurons désormais en prendre soin d’avantage entre nous. Car ce que nous avons vécu ce n’est ni plus ni moins la vie de nos groupes de partage ; on se découvre, on se livre, parfois l’écoute n’est pas totale mais nous nous soutenons, notre quotidien devient moins lourd . Elle est là notre richesse !
Rappelons-nous aussi de cette simple prière ; bonjour, s’il te plait, merci, pardon, je t’aime »